Opposite of Always : une histoire touchante portant sur le deuil

Je ne lis pas souvent de romans contemporains, mais je suis dernièrement tombée sur un stand-alone qui m’a particulièrement marquée : Opposite of Always par Justin A. Reynolds.

Aujourd’hui, j’aborderai le sujet du deuil en lien avec cette lecture.

Tout d’abord, voici le résumé d’Opposite of Always (en anglais seulement) :

When Jack and Kate meet at a party, bonding until sunrise over their mutual love of Froot Loops and their favorite flicks, Jack knows he’s falling—hard. Soon she’s meeting his best friends, Jillian and Franny, and Kate wins them over as easily as she did Jack.

But then Kate dies. And their story should end there.

Yet Kate’s death sends Jack back to the beginning, the moment they first meet, and Kate’s there again. Healthy, happy, and charming as ever. Jack isn’t sure if he’s losing his mind.

Still, if he has a chance to prevent Kate’s death, he’ll take it. Even if that means believing in time travel. However, Jack will learn that his actions are not without consequences. And when one choice turns deadly for someone else close to him, he has to figure out what he’s willing to do to save the people he loves.

Déjà avec ce synopsis, on comprend que ce n’est pas un contemporain normal : il y aura une touche de fiction dans l’idée de retour dans le temps. On sent aussi déjà que c’est une romance un peu tragique et que le style d’écriture de l’auteur a un certain humour. «Romance», «tragédie» et «humour» sont en effet trois mots qui résument bien ce livre. Vous devez vous dire : «tragédie et humour, ça ne va pas ensemble». Et pourtant, Reynolds prouve que le combo est possible.

Avant de passer à mon avis et à ma réflexion sur le livre, j’aimerais rappeler ici les étapes générales du deuil.

Vivre un deuil peut prendre jusqu’à environ 2 ans, dépendant de l’intensité, de la proximité de la relation entretenue avec la personne décédée et du contexte de la mort. Malgré cela, pratiquement toutes les personnes endeuillées passent par les mêmes étapes sans nécessairement en suivre l’ordre précis. Chaque deuil est unique. Voici donc ces cinq étapes :

1. Le choc/le déni : Lorsqu’on apprend la mort d’un proche, on s’isole dans notre bulle. On se sent endormi, figé, exclu du reste du monde. Certaines personnes refusent de croire à la situation et vont continuer à faire comme si la personne décédée ne l’était pas.
2. La colère : On en veut à la personne en question d’être décédée, d’être partie. On en veut également à la vie et à tout le monde. On peut même s’en vouloir à soi-même (culpabilité).
3. Le marchandage : Encore dans cette étape, la culpabilité est très présente. On croit que si nous avions agi autrement durant certains moments, le décès n’aurait pas eu lieu. On dénie donc la réalité en étant prêt à changer pour retrouver notre vie normale, celle d’avant le décès. C’est durant cette étape qu’on vit parfois des regrets par rapport à la relation, aux moments passés (ou à ceux manqués) en compagnie de la personne maintenant décédée.
4. La dépression/la tristesse : C’est à ce moment que la réalité nous rattrape. On comprend que c’est terminé, qu’on ne reverra plus jamais cette personne. On comprend que certains plans, projets et rêves que nous avions avec la personne ne pourront plus jamais se réaliser. Par le fait même, la tristesse nous envahit et dirige parfois vers la dépression.
5. L’acceptation : On accepte la mort et on retourne graduellement à notre nouvelle réalité. On a fait le deuil de notre vie d’avant avec la personne décédée. On pense encore au/à la défunt(e), mais moins constamment, et la douleur s’atténue avec le temps.

Opposite of Always nous fait passer – et repasser – par chacune de ces étapes du deuil à travers les différents scénarios qui se produisent (selon les différents retours dans le temps). C’est une histoire qui nous fait réfléchir sur les choix que nous faisons chaque jour et sur les petits moments quotidiens qui font que la vie vaut la peine d’être vécue à 100%, puis qui nous font réaliser à quel point vivre le moment présent est important.

Maintenant que je vis moi-même un deuil assez récent, je comprends mieux l’importance de chaque étape : il faut prendre le temps (un peu ou beaucoup, mais au moins un peu) de vivre toutes nos émotions et réflexions. Opposite of Always m’a aidé, dans ce sens, à remettre les choses que je vis en perspective.

Même si c’est un roman qui parle de la maladie, de la mort et du deuil, c’est quand même une lecture étonnamment légère et plaisante. Le lien qu’ont Jack et Kate est unique et tous deux ne se prennent pas au sérieux, profitent de la vie, ont un bon sens de l’humour. Leur romance est tout à fait adorable et l’aspect tragique dans la mort de Kate (je vous laisse découvrir si elle meurt pour de bon à la fin) est coussiné d’un style d’écriture humoristique qui aide à le prendre.

L’écriture de ce livre est d’ailleurs l’élément que j’ai le plus aimé d’Opposite of Always. Reynolds écrit du point de vue du personnage principal, avec sa voix… et ses pensées. Le texte est structuré de façon que rien qui passe par la tête de Jack n’est enlevé. Toutes ses réflexions silencieuses, les sauts que son cerveau fait d’une pensée à une autre sont laissés dans le texte. C’est une véritable immersion dans son esprit et c’est extrêmement intéressant et agréable. C’est simple, ça se lit vite et bien, puis ça nous aide à mieux comprendre le personnage, à mieux nous identifier à lui, puisque nous aussi, nos pensées peuvent avoir tendance à aller un peu partout et à s’arrêter sur des choses étranges, comiques, insolites. L’écriture de Reynolds, du moins dans ce roman-ci (je n’ai pas lu ses autres ouvrages, mais planifie les lire), est vraiment une expérience littéraire à découvrir.

Bref, si vous avez envie d’essayer un roman contemporain original qui vous fera non seulement rire et passer un bon moment, mais qui vous fera aussi réfléchir à ces gros sujets que sont la vie et la mort, je vous recommande sans hésiter Opposite of Always par Justin A. Reynolds.

Je vous invite par ailleurs à lire mon article sur le roman Une femme par Annie Ernaux, abordant lui aussi la thématique du deuil : Une femme: le deuil sans étouffement.

Autrement, l’Halloween arrive à grands pas! Qu’avez-vous lu durant le mois d’octobre? Besoin de suggestions de lecture pour vous mettre dans l’ambiance? Lisez cet article : Octobre: un super mois pour lire!

P.S. Ces étapes du deuil sont le résultat de plusieurs recherches que j’ai faites dans le cadre d’un projet d’école durant ma dernière année du secondaire et m’ont été très utiles pour écrire le deuil de façon réaliste dans mes propres écrits!